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Libération
Critique

Flagrant délire

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«L’Affaire Marcorelle», puzzle politico-financier.
publié le 13 septembre 2000 à 4h16

Marcorelle? Pour peu qu’on soit à la fois cinéphile et philosophe, ce qui n’est pas incompatible, c’est un nom qui nous dit forcément quelque chose. Sur le versant abrupt de l’histoire des idées, revient donc Marc Aurèle (en latin, Marcus Annius Verus) un fameux Romain, empereur et penseur, ce qui là encore n’est pas inconciliable, à qui on doit des Pensées du meilleur stoïcisme. Sur la pente plus douce de la petite histoire du journalisme, Marcorelle, le film, fait aussi revenir Marcorelles (Louis) qui fut un fameux défenseur des avant-gardes cinématographiques dans les colonnes du journal Le Monde. De Marc Aurèle (le philosophe en état critique) à Marcorelles (le critique en état philosophique), le ricochet jusqu’à Marcorelle (l’affaire), nouveau film de Serge Le Péron, n’est pas seulement un exercice de style.

Sculpture cubiste. Le Péron attaque sa montagne de fictions par plusieurs faces. Celle de la cinéphilie est incarnée par la figure plus qu'emblématique de Jean-Pierre Léaud, rôle titre et trésor vivant qui est ici de nouveau un vrai bijou d'acteur. Celle de la philosophie concerne une manière coudée, voire tordue, de marcher dans le cinéma et de piétiner les règles de la narration. Telle une sculpture cubiste, l'Affaire Marcorelle se donne à voir sous tous ses angles. Libre à nous de décréter quelle est la meilleure façon d'accomplir l'ascension du film. La piste d'une intrigue politico-financière est la mieux tracée. Un petit juge indépendant, François Marcorelle, s