C'était il y a quelques semaines à Salzbourg. Le rideau tombait sur Don Giovanni et on retrouvait Renée Fleming, ovationnée quelques minutes plus tôt, dans le calme d'une nuit fraîche. Pour ses débuts opératiques sur la scène du Grosses Festspielhaus elle s'y était déjà produite en récital la reine du Met méritait mieux que l'inepte production de Luca Ronconi et la molle baguette du pathétique remplaçant de Gergiev. Ce qui n'empêchait pas Fleming, qui a déjà chanté les trois rôles féminins de l'opéra de Mozart (qu'elle a également gravé avec sir Georg Solti), de continuer de questionner le rôle de Donna Anna avec passion: «C'est une énigme, le double mystérieux de Don Giovanni. Elle adorait son père et se sent coupable d'avoir invité Don Giovanni dans sa chambre. Femme d'honneur, elle doit suivre les conventions de l'époque...»
De sa révélation à Houston voici un peu moins de quinze ans en Comtesse des Noces de Figaro à sa folle incarnation de Blanche du Bois dans Un Tramway nommé Désir, Renée Fleming a construit une carrière remarquable, passant d'un extrême à l'autre de son registre en quelques jours, travaillant jusqu'à dix rôles par an avec le même sérieux. Quand on écoute sa Maréchale ou sa Rusalka, il est impossible de dissocier la perfection technique du charme, et le hiératisme appris de Schwarzkopf du médium fondant, en descente directe de Victoria de Los Angeles. Et que dire de son impeccable diction française, travaillée avec Janine Reiss, Denise Massé et Irène