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Libération
Critique

La soie sauvage de Gallotta

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publié le 14 septembre 2000 à 4h19

Après les rubans et fumigènes de l'ouverture de la Biennale de la danse de Lyon, consacrée aux «Routes de la soie», les mikados secs et les lumières sans fard du groupe Emile Dubois, centre chorégraphique national de Grenoble, sont les bienvenus, pour recentrer le débat sur la danse contemporaine. Dans les Larmes de Marco Polo, le chorégraphe Jean-Claude Gallotta n'a pas convoqué l'aventurier, mais un vieil homme qui, dans sa prison de Venise, raconte son histoire à un autre, Rustichello. On n'est pas dans le voyage, ni réel, ni imaginaire, mais dans l'espace du récit, lequel commence par un hommage bref à Lucien Mars. Celui-ci, vieux de la vieille de la danse qui devait tenir le rôle, est décédé pendant les répétitions, le 10 juillet. C'est Jean-Claude Gallotta qui prend en partie la relève.

Corps trimballés. Rien ne se prête mieux au théâtre que ces origines maritimes (guindes, pendillons...). La scénographie de Jean-Yves Langlais et Hélène Dattler en joue astucieusement. Des mikados pour les mats, une carte pour le tapis de sol, une trappe pour les ablutions, une voilure de misère et nous voilà partis pour pleurer avec Marco. Il se tient timidement sur le bord du plateau, côté jardin, là où se lèvent la plupart des vents qui amènent les danseurs sur scène. Il est dans les bras de Thierry Verger, danseur au meilleur de sa forme spirituelle, qui réussit la prouesse de gommer son grand corps plein de prestance pour n'être que réceptacle. Verger accueille le corps de Jean-Clau