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Libération
Critique

Royal de Luxe, son joli coup de girafe

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La compagnie crée à Nantes un nouvel épisode de sa saga des géants.
publié le 16 septembre 2000 à 4h23

Bruissant de soufflements et de soupirs animaux, la caisse de sept mètres de haut a passé la journée au soleil, sur le parvis du bureau de poste qui n'a pu accueillir un si volumineux colis. Un paquet venu de partout, à en croire les étiquettes et tampons qui ornent le bagage: Valparaiso, Beijing, Cook Islands, Bhutan... Propagée par la presse locale, des affiches en ville et la rumeur, la sortie de la girafe est attendue dans l'après-midi. L'oreille collée aux parois de bois, les premiers curieux parlent à l'animal enfermé: «Tu peux sortir, il fait beau.» La boîte a quelques soubresauts, des ruades qui la brinquebalent avec des coups sourds, parfois une odeur âcre de litière et une grande flaque de pipi d'impatience, voire des échappées de fumée de latérite africaine, toute pulvérulente d'un voyage au long cours. Mais l'animal ne sortira pas ce premier jour. Une mémé s'indigne et lâche à la cantonade : «C'est-y pas honteux d'enfermer une girafe là-dedans. Ah, il va m'entendre, le maire!»

Séduits comme des mômes par la puissance de ce conte grandeur plus que nature, adultes et enfants se pressent au chevet de la bête, espèrent la sortie, se demandent comment elle tient à l'intérieur, le cou replié, les pattes en quatre, sans doute. Et si la taille de la caisse abritait plusieurs girafes, élucubrent certains. Justement, au coeur de la nuit, bien après l'heure où les lions vont boire, elles seront deux à apparaître : une girafe de dix bons mètres de haut et son mignon girafon,