Menu
Libération

Le patrimoine se disperse

Article réservé aux abonnés
Du Parc des Princes au QG de la marine à Brest, à peu prèstout se visitait gratuitement ce week-end à l'occasion des 17es journées du Patrimoine.
publié le 18 septembre 2000 à 4h27

«Laissez-moi entrer, j'ai réservé ma place!» Pour la première fois cette année, la Comédie-Française a sacrifié à la mode des Journées du patrimoine, qui ont attiré samedi et dimanche 11,5 millions de visiteurs - score égal à celui de l'an dernier. Il y a foule, mais peu d'élus: une seule visite guidée, sur réservation. La cohue de la file d'attente passée, les visiteurs s'assagissent dans l'ambiance feutrée des salons, emboîtent le pas à la guide, de la «salle du comité» au «foyer des artistes», défilent sans un mot devant un buste de Voltaire. Esquissent des sourires entendus quand le guide cite Marivaux. Hochent la tête aux caprices de Sarah Bernhardt. Passent religieusement devant le fauteuil où s'est éteint Molière, «le patron».

«Et c'est dans ces tribunes VIP, qu'Amara Simba a rencontré sa femme.» Entre copains, en couple ou avec le fiston, ceux-là ont préféré le béton du Parc des Princes. Mais aujourd'hui, ils sont entrés par la tribune présidentielle, pour suivre la guide, une blonde étudiante en architecture: «L'histoire du stade commence en 1897...» On investit les tribunes de presse. «Et il est où Thierry Roland?» Puis les tribunes VIP. «Et Nagui, c'est où?» «Et Enrico?» Ils marquent un arrêt devant une photo de Platini, entrent dans les vestiaires, se ruent sous les douches, se photographient à la place des joueurs. A celle d'Anelka surtout. Dans le placard de Christian, un curieux trouve la lettre d'un admirateur, déposée un peu plus tôt dans la matinée.

Alexandre