C'est un feuilleton kitschissime qui repasse occasionnellement sur la chaîne Téva et fit les beaux jours des années 80. L'Amour en héritage, chanté par Nana Mouskouri, louchait sur un artiste peintre roux (incestueux et collabo) qui, délaissant Paris, filait en Provence pour se livrer intégralement à sa pulsion paysagère: peindre dans le Midi. Rien de nouveau sous le soleil: la Côte d'Azur a toujours été le fief des nordistes.
L'exposition du Grand Palais reprend la proposition. En l'an 2000, quand on parle de Méditerranée, on n'en retient toujours que le Nord. L'immense carte qui présente, à l'entrée, les points de villégiature des artistes de la seconde moitié du XIXe siècle et un peu plus (Matisse, Picasso) suit la côte depuis Sète jusqu'à Menton, poussant une petite pointe d'internationalisation vers Cadaquès, Sitges ou Malaga, côté est, Viareggio en Italie. Mais la Méditerranée c'est essentiellement Palavas-les-Flots (toile inaugurale par Courbet), l'Estaque près de Marseille (Cézanne, Renoir, Derain, Braque, Friesz, Dufy, Marquet), Saint-Tropez (Signac, Matisse, Manguin, Bonnard, etc.), Nice (Munch, Valloton, Matisse, Willumsen)... Et si elle fait une toute petite place aux artistes locaux («Cézanne, peintre provençal après tout lui aussi», lit-on dans le catalogue), rien n'est dit sur l'autre côté. L'histoire reste incomplète.
Exit l'Afrique. Le sud ainsi est le nord de la Méditerranée, Mare Nostrum, sans allusion aucune aux pays de l'autre rive: Algérie, Maroc, Tunisie