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Libération

Sieff s'efface

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Mort du photographe de mode connu pour ses portraits.
publié le 22 septembre 2000 à 4h37
(mis à jour le 22 septembre 2000 à 4h37)

Avec Jeanloup Sieff, mort à Paris d'un cancer à l'âge de 70 ans, dans la nuit de mercredi à jeudi, disparaît un jongleur d'images et de mots, un funambule qui s'essaya, dès ses débuts en photographie, à trouver son coin de ciel bleu; tant il est vrai que «ce paresseux énergique», selon ses propres mots, chercha toujours à montrer son goût presque physique pour la lumière. Témoin d'une époque (les années 60) où les photographes de mode avaient encore des «complexes d'infériorité», qu'ils travaillent pour Elle ou Harper's Bazaar, Jeanloup Sieff aura, par son impatience et son indiscipline, simplement ouvert d'autres fenêtres «pour respirer».

Sens du reportage. Né le 30 novembre 1933 à Paris, de parents polonais dont il sera l'enfant unique, Jeanloup Sieff commence des études photographiques à l'école de Vaugirard de Paris, puis à Vevey, en Suisse, «où il y avait une petite école de photo très sympathique». Il y restera peu de temps, agacé par les cadences scolaires, déjà épris de cette solitude que lui a imposé la guerre, qu'il vivra seul, loin de sa mère Anka, sous un faux nom. Littéralement passionné (il a son premier labo à 14 ans), il arpente alors les rédactions parisiennes avec ses premières épreuves. Bon accueil au magazine Elle, qui lui confie un reportage à La Baule, puis un autre et un autre... Il y restera trois ans, de 1955 à 1959, avec un bref passage à l'agence Magnum pour laquelle il partira immortaliser, à Rome, les funérailles du pape Pie XII. Même aujourd'hui,