Menu
Libération
Critique

Ça rame sur «les Rivières pourpres»

Article réservé aux abonnés
Kassovitz revient avec un polar inégal, programmé pour cartonner.
publié le 27 septembre 2000 à 4h46

Après l’échec commercial de son troisième long-métrage, Assassin(s), et la gestation difficile d’un nouveau projet perso, Mathieu Kassovitz revient avec un film profilé pour le replacer en tête du peloton des jeunes cinéastes gagnants, où il s’était propulsé avec la Haine en 1995: adaptation d’un polar à gros tirage (de Jean-Christophe Grangé), casting en béton ­ le duo Jean Reno-Vincent Cassel ­, affiche et titre accrocheurs, etc.

Kassovitz, menant de front une double carrière d'acteur et de cinéaste, échappe aux classifications hâtives, ni «auteur» au sens classique où il continue d'être employé chez nous, ni simple exécutant de commandes (même si ce film en est une), on peut le rapprocher, dans la génération précédente, d'Alain Corneau ou de Bertrand Tavernier, avec qui il partage une cinéphilie très américaine et un goût marqué pour les cadres du cinéma de genre. Kassovitz préférerait probablement qu'on le compare à David Fincher; ce serait, il est vrai, plus sexy, d'autant que les Rivières pourpres suit explicitement les voies ensanglantées de Seven, un des films les plus pompés des dix dernières années. Dans le Journal du dimanche (du 24 septembre), Kassovitz se définit comme un «chef d'entreprise qui fait des films», qui joue, cette fois, sa «carte d'entrée dans un nouveau club: celui des productions ambitieuses et chères, entre 100 et 200 millions».

Cadavre. Le film s'ouvre majestueusement, en guise d'apéritif, sur des gros plans de plaies avariées parcourues de vermin