Menu
Libération

Giedroyc, un souffle de Pologne s'éteint

Article réservé aux abonnés
Le fondateur de la revue «Kultura» vivait en France depuis 1947.
publié le 28 septembre 2000 à 4h50

Toute la Pologne rend hommage à un homme qui s'est éteint dans son lit à Maisons-Laffitte, la nuit du jeudi au vendredi 15 septembre, à l'âge de 94 ans. Là, dans cette discrète banlieue parisienne, non loin de la gare, on longeait une palissade jusqu'à un porche toujours ouvert, on empruntait une allée bordée de gazon pour arriver à la porte d'une maison étrange, cottage égaré aux vitres biseautées, et l'on entrait dans le saint des saints de l'émigration polonaise: l'antre de Kultura.

Une revue, une maison d'édition, un poumon. Au milieu de fidèles, un homme qui en imposait par ses silences, son regard, l'acuité de ses jugements: Jerzy Giedroyc. Respectable et respecté, désormais enterré au cimetière du Mesnil-le-Roi, tout comme Brodsky n'est jamais revenu en Russie, même après la déconfiture de l'URSS, Giedroyc n'avait jamais voulu revenir en Pologne.

Rejeton d'une famille aristocratique lituanienne, né en 1906 à Minsk Litewski (aujourd'hui Minsk, capitale de la Biélorussie), Jerzy Giedroyc a grandi dans la Russie bolchevique, avant que sa famille ne gagne Varsovie en 1919. Quelques années plus tard, il fonde une revue littéraire et politique, Polityka, qui défend l'idée d'une fédération avec l'Ukraine, la Lituanie et la Biélorussie, et publie les écrivains de ces pays.

Journaliste et soldat. En 1939, quand Hitler envahit la Pologne, Giedroyc fuit son pays, on le retrouve à Bucarest, à Tobrouk, à Londres, à Rome. Secrétaire d'ambassade ou journaliste un jour, soldat le lendem