Barcelone envoyé spécial
La Conférence internationale Walter Benjamin de Barcelone a commencé mardi par une avalanche de forfaits. Annoncé comme premier conférencier, Jorge Semprun n'est pas revenu de Sarajevo. L'universitaire Shlomo Ben Ami avait donné son accord, avant d'être bombardé cet été ministre des Affaires étrangères d'Israël. Quant à l'écrivain hongrois Gyorgy Konrad, on ne sait pas exactement ce qui l'a retenu, mais il n'est pas là non plus... (1)
Eveil. Pourtant, la conférence commence plutôt bien, avec une intervention d'Irving Wohlfarth, professeur de littérature allemande à l'université de Reims. Se demandant comment on peut être benjaminien de nos jours, il rappelle que l'auteur du Livre des passages a fait de l'éveil un de ses concepts majeurs: il ne s'agissait pas seulement de s'éveiller de ce «sommeil de la raison qui engendre des monstres», mais de réveiller la collectivité humaine de son époque qui se berçait encore des rêves du XIXe siècle (le nationalisme).
Aujourd'hui, pour le professeur Wohlfarth, ce sont des cauchemars du XXe qu'il faut éloigner une humanité somnambule. Mais comment? Il y a de quoi s'alarmer quand on met sur un plateau de la balance les éveilleurs, Nietzsche, Kafka et Benjamin, et sur l'autre, les camps, les guerres, les massacres. D'autant que cet éveil ne peut être une solution individuelle, solitaire. On dit que Benjamin est à la mode, mais Wohlfarth se demande si c'est vrai, et si les questions qu'il posait occupent la place qui d