Contrairement aux apparences, l'Esther Kahn d'Arnaud Desplechin ne sort pas aujourd'hui mais vendredi soir, pour une projection unique, qui aura lieu à 20 heures au cinéma Saint-Germain-des Prés de Paris. Pourquoi? Parce que vingt minutes ont disparu entre l'Esther Kahn montré à Cannes et celui qui est commercialement exploité à partir de ce mercredi. Vingt minutes qui figureront, en revanche, dans la projection intégrale de vendredi. Mais vingt minutes de film, au fait, c'est quoi? Est-ce vingt minutes de pellicule? Vingt minutes de temps? D'espace? D'histoire? Et pourquoi la «raison économique» va-t-elle si souvent chercher des poux dans la durée des films, insinuant ainsi que le cinéma serait une forme d'art moins intègre que les autres? Suggestion modératrice: qu'on fiche la paix aux films et qu'on aille couper vingt minutes dans la Bible.
Une nature. On se demande bien, en tout cas, ce qu'Esther Kahn a fait de mal pour se voir ainsi publiquement diminué. On a le sentiment qu'il a fallu raboter le film à seules fins de le faire passer sous la toise, comme son héroïne-titre d'ailleurs, cette fabuleuse Esther que Desplechin nous présente dès les premières images dans un introducing exemplaire: une visite médicale où aucune donnée physionomique du personnage ne nous est épargnée. On la mesure, on la pèse, on l'ausculte sous toutes les coutures, comme un maquignon expertise un animal: jusque sous les dents. Ce relevé de données concrètes et inutiles, devenues abstraites du fa