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Libération
Critique

Invitation au droit de visite

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publié le 4 octobre 2000 à 5h01

L'Association d'aide à l'enfance et à la famille (Aadef) est un lieu neutre. Elle propose une médiation, par laquelle les couples séparés en des termes violents sont conduits à respecter un droit de visite de l'enfant. Les visites ont lieu dans un studio qui leur est alloué pour deux heures, une salle que l'on peut s'accorder à trouver immanquablement sécuritaire, immensément vide et volontairement impersonnelle, avec ses affiches grisâtres placardées sans goût particulier. Est-ce un parloir, un hôpital pour enfant, une salle d'attente, une salle des profs?

Passions raisonnées. A Bobigny comme ailleurs, cet espace, où des médiateurs travaillent avec les couples dans la durée, interdit aux parents tout emportement revanchard, n'autorise que des passions raisonnées. Ici, pas de Kramer contre Kramer. A Bobigny comme ailleurs, Monsieur et Madame se frôlent pour s'échanger des enfants (qui ne souhaitent que jouer), des regards (de fournaise), parfois des mots. A Bobigny et pas ailleurs, Claudine Bories a planté sa caméra chaque samedi pendant neuf mois, entre Monsieur et Madame.

Le procédé n'est pas nouveau. Il a déjà permis à Raymond Depardon de réussir il y a une quinzaine d'années un Urgences assez hallucinant où le spectateur trouvait vite sa place dans un dispositif de mouche, logé quelque part dans un angle du mur. On ne sait jamais vraiment si l'intérêt que l'on peut prendre au film-mouche est voyeuriste (bienvenue chez les fous, les divorcés, les «vrais gens»), ethnologique