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Libération

Une nouvelle d'Arthur Symons

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«Esther Kahn» adapte fidèlement un écrivain symboliste méconnu.
publié le 4 octobre 2000 à 5h01

Brève nouvelle extraite du recueil Aventures spirituelles (1905), l'Esther Kahn d'Arthur Symons (1865-1945) est un récit venu du symbolisme et de ses théories sur l'art (1). On ne s'avancera pas beaucoup en apercevant dans son thème quelques réminiscences «poétologiques» de Kleist (Sur le théâtre des marionnettes) ou, plus proche de l'auteur, de Maeterlinck (Menus propos: le théâtre) puisque la jeune Esther de la nouvelle, juive du quartier des Docks de Londres, réussit à fuir son destin de cousette grâce au théâtre. Elle devient très vite une actrice de renom, mais il lui manque hélas de connaître l'amour pour être tout à fait géniale. «Elle regarda autour d'elle avec des yeux pratiques, sans avoir le sentiment de rien faire d'insolite ou de risquer fort d'échouer dans son dessein. Elle passa délibérément en revue tous les hommes qu'elle connaissait.» Esther jette alors son dévolu sur Philippe Haygarth, dramaturge à la mode qui la conquiert «non par les sens, mais par l'esprit» et lui apprend de nouvelles techniques théâtrales. Mais «le monde n'avait en aucun sens changé pour elle comme elle avait supposé qu'il changerait [...]. Elle n'avait rien appris». Ce n'est que la jalousie qui fera d'elle le pantin idéal, divin et brisé auquel Kleist aspire, les fils de la marionnette se muant ici en influx électriques: «Chaque nerf de son corps vivait d'une vie séparée quand elle ouvrit la porte au fond de la scène [...] on eût dit qu'il s'était établi un courant magnétique entre el