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Libération
Critique

«Vengo», un Gatlif à écouter

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publié le 5 octobre 2000 à 5h03

Après l'ambitieux documentaire Latcho drom, puis Gadjo Dilo, une immersion dans l'imaginaire des tsiganes roumains, Tony Gatlif poursuit son exploration de l'univers gitan avec Vengo, une fiction tournée en Andalousie, où les moments musicaux sont plus convaincants que l'histoire, variation convenue sur le thème de la vengeance.

Vengo plonge dès l'ouverture dans la musique, avec une belle rencontre entre la guitare flamenca de Tomatito et le chant soufi de l'Egyptien Ahmed al-Tuni. Le film s'attache à décrire la relation entre deux hommes liés par la passion du flamenco : Caco, propriétaire de boîte de nuit, et son neveu Diego, un jeune handicapé mental; un vrai personnage, montré avec pudeur. Tony Gatlif restitue à merveille l'ambiance d'une juerga (fête privée) dans une taverne de Séville, où se distingue La Caïta, une chanteuse habitée par un feu ravageur. Dans le rôle de l'oncle, le danseur Antonio Canales (qu'on ne verra pas danser) montre une carrure d'acteur.

Tragique. Les choses ne tardent pas à se gâter: un homme est mort, un patriarche vêtu de noir lance un regard sinistre et marmonne que «quelqu'un doit payer», la tension monte entre deux clans gitans; paroxysme, coup de couteau, agonie, fin du film. De l'Amour sorcier de Manuel de Falla aux Noces de sang de Garcia Lorca, la représentation des gitans semble condamnée au tragique. Certains films en ont tiré un parti plus intéressant que Vengo. Notamment Los Tarantos de Rovira Beleta en 1963, qui recréait le mythe de