Sarajevo envoyée spéciale
ASarajevo se trouvait, la semaine dernière, Boualem Sansal. De son point de vue d'écrivain algérien et avec, aussi, la compassion mêlée d'espérance des meurtris, l'auteur du Serment des barbares et de l'Enfant fou de l'arbre creux participait aux premières Rencontres européennes du livre, qui ont rassemblé, au fil de sept fécondes journées, quelque deux cents écrivains, intellectuels, traducteurs littéraires et gens de théâtre issus de tous les coins de l'ancienne Yougoslavie. Plus une poignée d'artistes de la bande dessinée ou de la photographie, un acteur français hors du commun en la personne d'Eric Ruf, et des dizaines d'étudiants serbes venus de Belgrade jusqu'à la capitale de la Bosnie-Herzégovine, pour la première fois en visite là. La première fois depuis «avant la guerre» qui fit deux cent mille morts en terrain bosniaque, sans compter deux millions de «déplacés» ethniques, et autres incalculables désastres.
Symbolique. C'était hier, entre le printemps 1992, où un ultime train quitta la défunte gare de Sarajevo, et Noël 1995, ce décembre où l'ONU et l'Otan redistribuèrent les rôles de leurs troupes respectives. Désormais, les contingents des multiples puissances occidentales chargées de faire respecter les engagements et arrangements de Dayton font partie de la vie ordinaire de la ville: ils en arpentent les rues avec leur dégaine de troufions débonnaires ou arrogants. Leur pouvoir d'achat est pris en considération, leur nonchalance rassure