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Libération

Vox populi

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publié le 9 octobre 2000 à 5h11

U2 pourrait être considéré comme «le plus grand groupe de rock du monde» et Bono son prophète. Ses rivaux des origines punk, de Clash en Cure, ont fait long feu; les Rolling Stones fossilisés, Nirvana mort, REM en jachère, Oasis chroniquement perturbé et Radiohead, un prétendant moins «commercial» pour la ceinture des poids lourds. Respectés par la techno et l'underground, conciliant l'avant-garde et les grand-messes (80 millions d'albums au compteur), les mousquetaires de Dublin règnent depuis une bonne décennie. Fait unique dans les annales, le groupe n'a jamais sombré dans les querelles d'ego, et leur leader Bono ne s'avance en solo que pour la bonne cause.

Fils spirituel de Lennon, moins messianique que Dylan, plus missionnaire que Springsteen, Bono, fruit de l'union-déchirure d'une mère protestante et d'un père catholique en Irlande, entonne son credo sur tous les fronts. La musique peut changer le monde. De Sunday Bloody Sunday, hymne pacifiste aux morts de Londonderry, en MLK à la gloire de Martin Luther King, de Miss Sarajevo à Peace on Earth, Bono manie la spiritualité (la Bible en inspiration majeure) comme une Kalachnikov. Il prêche avec rage la compassion et la responsabilité. Famine en Ethiopie, Live Aid, apartheid, chômeurs d'Irlande, Amnesty international, Nicaragua, sida, Rushdie, NetAid... Bono n'a jamais posé son bâton de pèlerin.

Si le romantisme naïf du bonhomme aux lunettes noires peut exaspérer, l'efficacité de son engagement force l'admiration. Manipulan