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Libération
Critique

Frémissements allemands.

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publié le 11 octobre 2000 à 5h14

L'Allemagne souffre de son cinéma. Un cinéma qui a toujours semblé fonctionner par cycle, les embellies (l'expressionnisme des années 20, le jeune cinéma des années 70) alternant avec de longues phases d'occultations, et donne lentement l'impression de s'immerger dans l'oubli. Peut-être parce qu'en Allemagne plus qu'ailleurs le cinéma a toujours fait oeuvre de psychanalyse collective. Et rien ne semble plus manquer au cinéma allemand que les Allemands eux-mêmes. Ce n'est peut-être qu'un détail, mais il est significatif: le dernier film germain vu ici n'était autre que le Buena Vista Social Club de Wim Wenders, expatrié à Cuba. L'apoplexie qui, lentement, frappe ce cinéma a pris toute son ampleur lorsqu'en mai, la production monta au créneau pour dénoncer la désaffection internationale dont souffrent les films ­ le Festival de Cannes n'en ayant jugé aucun digne de figurer en compétition. On frôla alors l'incident diplomatique.

Entrées en chute. De fait, les nouvelles économiques qui franchissent le Rhin sont alarmantes, pour la distribution comme pour la production: les entrées ne cessent de chuter malgré la rénovation du parc de salles (où les multiplexes poussent comme des champignons), le marché en lambeaux ne profite qu'aux films américains, qui sont à Berlin comme chez eux, la production nationale n'atteignant pas les 10 % de parts de marché (en France, elle oscille entre 27 et 30 %). Les films ne s'exportent pas: la France n'a accueilli en cinq ans que neuf films alleman