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Libération
Critique

La mécanique de la mort pas démontée.

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publié le 11 octobre 2000 à 5h14

Une certaine fébrilité critique semble entourer le documentaire d'Errol Morris consacré à un personnage du nom de Fred A. Leuchter, spécialiste de la maintenance du matériel d'exécution de la peine de mort dans les prisons de divers Etats américains, puis expert négationniste au procès d'Ernst Zundel, auteur néonazi de plusieurs ouvrages, dont de Six Millions de morts, vraiment?. Morris, connu pour The Thin Blue Line (1988), un docu-enquête qui permit de faire sortir du couloir de la mort le condamné noir Randal Dale Adams, et son travail sur le physicien Stephen Hawkins (Une brève histoire du temps, 1992), n'est pas le premier venu, et qu'il ait décidé de se pencher sur le cas Leuchter rendait plutôt curieux.

Effets. Le film, dès son générique, où l'on voit Leuchter juché au milieu d'un déchaînement d'éclairs électriques sur une musique pleine d'emphase, montre des signes inquiétants de laisser-aller. Morris, qui a mis beaucoup de temps à trouver le financement pour mener à bien ce projet, semble avoir craint d'être par trop rébarbatif sur un sujet qui pourtant devrait inciter à un certaine prudence formelle. L'habillage de tout le film ­ ralenti, musique, effets, caméra de traviole ­ entend sans doute pallier la monotonie du discours de Leuchter, en essayant d'enjoliver le crachoir, qui en deux heures se remplit quand même de trucs vraiment dégueulasses.

Leuchter en fait est un raté, un pauvre type d'une morbidité sans limite, qui parvient à se faire un nom en «humanisant» l