Déjà repéré comme scénariste de Tésis et Ouvre les yeux, deux films alambiqués d'Alejandro Amenabar, Matéo Gil est, à 27 ans, le cerveau d'une bande de jeunes qu'on imagine à fond branchés jeux vidéo/Donjons & Dragons, nourrissant un imaginaire paranoïaque fondé sur les rapports de plus en plus flous entre le réel et l'infini du virtuel. En trois films, ils ont réveillé l'assoupi cinéma espagnol: leurs oeuvres se vendent partout, sont diffusées par les télés et connaissent une belle seconde vie dans les vidéoclubs où des kyrielles d'ados les louent une quinzaine de fois d'affilée pour en déjouer les multiples pièges. Tiré par les cheveux, Jeu de rôles devrait les ravir.
Adversaire. Simon est cruciverbiste dans un grand journal de Séville. En pleine semaine sainte, il se trouve impliqué dans un jeu de rôles sanglant à taille humaine. Il n'a rien demandé. Il a été désigné comme l'adversaire. Il ne sait même pas contre qui il doit se battre. La ville est un labyrinthe et les séquences s'enchaînent comme des tableaux de jeu vidéo, faisant de nous des spectateurs impliqués. L'avance, ici c'est l'ennemi qui l'a.
Le titre original Nadie conoce a nadie («Personne ne connaît personne») résumait mieux l'effroi de la manipulation tout en offrant sur un plateau une interprétation géo-économique: on se demande combien de temps encore la clique plaisante de «maîtres de jeu» que Gil emmène pourra maintenir son titre d'ambassadeur du ciné espagnol. Sa mise en scène révèle surtout un inconscie