Puisque les Coupeurs de bois viennent du Viêt-nam, zone notoirement en pénurie de cinéma (une moyenne de cinq films nationaux par an), forcément on s'intéresse. Pour avoir des nouvelles du pays. Alors, comment ça va le Viêt-nam? Pas terrible, selon le réalisateur Vuong Duc, qui ne nous attache à l'histoire d'un campement de bûcherons dans les forêts du Nord que pour souligner les tourments habituels de tout pays en voie de postcommunisme: corruption, trafic divers (singes, bois de construction), pollution et surexploitation des nouveaux pauvres par les nouveaux riches.
«C'est ça, l'économie de marché!», hurle Buong, le personnage principal, après qu'une modeste tentative de libéralisme (l'ouverture d'un restaurant de village spécialisé dans la viande de chien) a entraîné l'incendie de sa gargote par des voisins excédés qu'il kidnappe leurs clébards. Ce héraut, porte-voix en forme de grande gueule, est de loin le caractère le plus attachant. Mitraillette à fausses maximes («Une vie sans connaître le goût du chien, ce n'est pas une vie», mais aussi: «Un bon coup tiré vous refait la santé»), sa méchanceté n'a d'égal que sa cupidité. Quand Buong abandonne une nombreuse famille pour, croit-il, s'enrichir dans sa combine de coupeurs de bois, il a cette formule pour son épouse éplorée: «Garde bien ta chatte, je reviens dans un an.»
Vraiment tout pour plaire, d'autant qu'en fond de sauce le grand orchestre des bons sentiments socialistes joue sa partition habituelle: un prolo-boy meet