«Manet, les natures mortes» Musée d'Orsay, 62 rue de Lille, 75007 Paris. www.musee-orsay
Catalogue 160p. 195F, Petit Journal 20F. Jusqu'au 7 janvier 2001.
Enfin, dans ce Paris des musées moroses, une exposition qui crève l'écran, qui, au-delà du principe de plaisir, fait penser. Car, contrairement à toute attente, «Manet, les Natures mortes» n'est pas un sujet bateau. Les natures mortes chez Chardin eussent été un pléonasme, cet artiste étant surtout célèbre pour ce genre de représentations, comme les portraits de Picasso furent, en son temps, une redondance. Mais Manet, le peintre du Déjeuner sur l'herbe, d'Olympia («Vestale bestiale» selon Paul Valéry) du Torero mort? Le peintre précisément dont on nous dit qu'il a su mélanger tous les genres, le paysage et le nu, l'histoire et le portrait, pour rendre caduque leur hiérarchie, pour bazarder ces catégories et fonder le concept de Peinture moderne?
Voir ailleurs. Justement. Les natures mortes d'Edouard Manet constituent un excellent sujet, puisqu'il fait d'abord voir ailleurs dans les tableaux qu'on connaît. Le bas du Déjeuner sur l'herbe (un panier de fruits). La périphérie du nu, central, de l'Olympia (un bouquet de fleurs). Premier bénéfice: l'exposition qui se tient dans les salles temporaires d'Orsay permettra de mieux regarder dans les salles permanentes. Mais surtout, à l'intérieur de l'expo elle-même, "Elle devient une façon d'aiguiser l'oeil, en quelques chapitres («la figure et l'objet»; «tables servies et tables de c