Trois ans après «Sensation», exposition dont l'onde de choc s'est propagée jusqu'à New York l'an dernier (le maire Rudolph Giuliani ayant tout simplement tenté de censurer), la Royal Academy promet de nouvelles sensations fortes. En 1997, sous la houlette du collectionneur et publicitaire Charles Saatchi, les «YBA» (Young British Artists) Damien Hirst, Tracey Emin, les frères Chapman et autres, avaient secoué la poussière recouvrant un musée vieux de deux siècles, scandalisé une Grande-Bretagne en mal de frissons et attiré 300 000 visiteurs. La vénérable maison, dans un marché hautement compétitif, récidive avec «Apocalypse: beauté et horreur dans l'art contemporain».
Calculé. Les organisateurs prennent soin de distinguer les deux événements. «Parler d'une réédition est la chose à la fois la plus facile et la plus fausse, s'exclame Max Wigram, l'un des deux commissaires. Dans le premier cas, il s'agissait d'oeuvres issues d'une même collection (Saatchi, ndlr) et d'un groupe d'artistes de la même génération et nationalité. Rien de tel aujourd'hui [...] L'art britannique n'est pas la force dominante derrière cette exposition, même si "Apocalypse" replace le phénomène des YBA dans un contexte plus large et montre les liens qu'ils entretiennent avec des artistes d'autres pays.»
A trois ans de distance, on retrouve pourtant de nombreux points communs. Une intense préparation médiatique. Une réaction outrée de la presse tabloïd, à la fois hostile et complice. Enfin,