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Libération
Critique

Vanessa au Paradis

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publié le 16 octobre 2000 à 5h24

Début septembre, luxe, calme et volupté dans les salons de l'hôtel Raphaël. Service à thé, boiseries et pastels du XVIIIe, la nuque hautement dégagée par des cheveux ramenés en chignon, Vanessa Paradis se fond avec une aisance de châtelaine dans le décor. Entre deux séances d'équitation, l'actrice du prochain film de Terry Gilliam (avec Johnny Depp) fait son retour en chanson.

Huit ans séparent sa dernière volonté en anglais du nouveau-né bilingue Bliss, «épanouissement». «Je me suis tenue durant tout ce temps à l'écart d'une machinerie qui m'avait épuisée. L'envie n'était plus là et le cinéma m'offrait une planque apaisante, sans pression ni responsabilité.»

Longue préparation. L'époque où l'ex-Lolita était cantonnée à susurrer les fantasmes acidulés de Roda-Gil, Gainsbourg ou Lenny Kravitz semble révolue. Fermement décidée à s'émanciper de la tutelle contraignante de ces pygmalions, Vanessa Paradis a mené son quatrième effort d'une petite poigne de fer. Désormais, elle écrit, tripote le piano et trifouille la guitare. Le chemin qui l'a conduite à s'exprimer en son nom n'a pourtant pas été sans heurts. Un long film forain, une jambe cassée et un bébé: voilà qui résume assez bien la préparation de Bliss, entamée il y a trois ans avec Matthieu Chédid (M) et régulièrement interrompue par d'indispensables moments de recul. «C'est dur de ne pas arriver à traduire la beauté des sentiments, de mettre des mois à se satisfaire d'une phrase, de se dire qu'on n'est qu'une merde bourrée