A l'annonce de cette exposition de Miquel Barceló, «Un peintre et la céramique», on se demandait ce que l'artiste (né en 1957 à Majorque) allait bien pouvoir sortir de son chapeau, puisqu'il n'avait en effet encore jamais pratiqué cette discipline. Les 150 pièces créées depuis 1995 lèvent immédiatement le doute et témoignent, une fois encore, du caractère prolifique et de la formidable capacité d'invention et de renouvellement de Barceló. Au point que les oeuvres ici rassemblées pour la première fois dépassent largement le cadre de la pratique simple de la céramique. On y retrouve tous les grands sujets de Barceló, natures mortes, animaux, nus... déclinés sous d'autres angles et chargés d'une belle puissance.
Pourquoi cette série d'oeuvres en céramique?
Faire de la céramique aujourd'hui, c'est mal famé. Elle n'a pas la cote et, comme la peinture, elle est un peu abandonnée. Quand j'étais adolescent, au début des années 70, il fallait choisir entre la céramique, le macramé et la peinture. Je n'ai jamais pratiqué le macramé, mais la peinture, beaucoup. Et ces céramiques sont une sorte d'excroissance de ma peinture. Souvent, elles m'apparaissent comme des caricatures de mes tableaux, quelquefois c'est l'inverse. Ce jeu d'échanges m'amuse beaucoup.
Quand et comment avez-vous commencé à en faire?
J'ai commencé au Mali, plus précisément au pays dogon, où j'habite une partie de l'année. Et ce tout naturellement, parce qu'en Afrique la céramique n'a rien de postmoderne, c'est une pratiq