La scène posée sur le plateau est un peu de traviole. Les bouts de Scotch collés au sol ne servent plus de repères pour les interprètes, tant ils sont nombreux. Tout au long du spectacle Des souffles de vie, création d'Héla Fattoumi et Eric Lamoureux, danseurs et musiciens occuperont parcimonieusement cet espace, comme son hors-champ, l'écriture de la marge structurant la pièce autant musicale que chorégraphique. Pour la première fois, le duo pousse à l'extrême de la complicité live son rapport à la musique. Jusque-là, les pièces étaient surtout dansées sur des bandes-son. La rencontre avec l'accordéoniste Pascal Contet, qui donna lieu, entre autres, à un premier duo Exode avec Eric Lamoureux, a provoqué l'envie d'une composition en commun qui se prolonge avec l'invitation de la chanteuse Samia Yahiaoui, également sur scène.

Démarche courageuse. On l'a vérifié souvent: le partage du plateau entre chorégraphes et musiciens n'est pas toujours heureux, laissant à penser que finalement la fosse est la place idéale pour la musique. Mais ici, si les rapports de corps ne fonctionnent pas systématiquement ­ un musicien étant toujours alourdi par son instrument ou par sa voix ­, la démarche est claire et courageuse. Comme elle le fut chez d'autres, Geneviève Sorin, Nadine Hernu ou Salia nï Seydou. Si la chanteuse, lors des premières représentations, était trop dans la partition émotionnelle, renvoyant, du coup, l'accordéoniste dans un rapport plus cérébral à la scène et à la salle, le