Dancer in the Dark est un monstre à deux têtes. Qui en est l'auteur? Son actrice principale, muse et compositrice, qui se jette dans la fiction comme une terroriste bel et bien décidée à détourner un avion? Ou son réalisateur, sarcastique et distant, qui articule entièrement le film autour de ce bras de fer à ciel ouvert? Pour Björk, qui parle de ses chansons comme de ses «enfants», s'exprime lentement avec le soin de ceux qui ont toujours peur d'être mal compris et porte ce jour-là une veste de cuir rose ornée d'une fleur noire artificielle, nul doute que Dancer in the Dark est au moins autant sa chose que celle de Lars von Trier.
Pourquoi avoir accepté ce rôle?
Je rêvais depuis l'enfance d'être l'héroïne d'une comédie musicale. Parce que comme Selma, quand j'entends un bruit naturel, je le perçois comme un son musical, une pulsation rythmique qui attend sa mélodie (pour expliquer cela, Björk se met à frapper la table basse de son verre de jus d'orange, ndlr). En 1995, après le clip de Oh It's so Quiet, Spike Jonze et moi avons eu le projet de réaliser une comédie musicale en son direct, sans effets spéciaux. Puis le scénario de Lars est arrivé et j'ai été sidérée par la proximité des deux projets. Comme Spike avait déjà entrepris Dans la peau de John Malkovitch, il m'a encouragée à accepter Dancer in the Dark.
Quel a été le problème avec Lars von Trier?
Moi, je suis issue de la culture punk. Mes collaborateurs sont tous mes égaux. Je suis davantage pour l'anarchie que pour la