Il pleut beaucoup dans Divine, l'évangile des merveilles. Il a, de toute façon, toujours énormément plu dans les films de Ripstein, au point que l'égouttement lancinant des hectolitres d'eau qui s'effondraient, en 1972, dans la cour du Château de la pureté, composait une partition liquide qui condamnait un monde d'enfermement total. Ici encore, la météorologie propre au réalisateur mexicain semble prendre des allures de punition divine. Plus précisément de déluge biblique, puisque Divine passe comme une variation autour de l'Apocalypse de Jean. A la fois, un film fasciné par une Babylone décadente et une oeuvre critique, presque moqueuse, de l'aveuglement des hommes, montrant la prophétie des Ecritures comme une croyance de sous-développé. Quiconque s'intéressant à la décadence rencontra toujours le texte de Jean aux interprétations multiples: l'Apocalypse, via la chute de Babylone, intime-t-il à l'homme de s'en tenir à l'humilité? Dieu est-il capable de jalousie devant la vanité superbe de sa propre création?
A deux ans de la psychose millénariste (le film date de 1998), Ripstein s'est souvenu d'une communauté qui errait désespérément dans le Mexique des années 70, et avait pris pour nom la Nouvelle Jérusalem, fidèle à l'ouverture de la XXIe vision de l'Apocalypse de Jean: «1/ Je vis alors un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre avaient disparu et la mer n'était plus. 2/ Et moi, Jean, je vis descendre du ciel la Sainte Citée, la Nouvel