Roni Size se sent pousser des ailes depuis le succès il y a trois ans de son précédent album, New Forms, consacré par un prestigieux Mercury Music Prize (au nez et à la barbe de Prodigy ou Spice Girls). Cette distinction, la plus importante pour les musiciens britanniques, était alors pour le moins inattendue. Fils d'immigrés jamaïcains élevé à Bristol, Ryan Williams, alias Roni Size, devient très tôt une figure reconnue de la scène locale, à la suite de ses illustres prédécesseurs (Massive Attack, Smith & Mighty, Portishead). En 1991, Roni fait la rencontre de son alter ego DJ Krust au festival de Glastonbury, et lance avec lui le label Full Cycle. Ils sont depuis inséparables. Mais c'est en signant sur le label acid jazz Talkin' Loud en 1996 que Roni et son acolyte Krust, en créant le collectif Reprazent, sortent de l'underground.
Paisible. Après divers projets parallèles, Roni Size revient sous l'étiquette Reprazent. Seule contrariété du moment, la perte de ses bagages et l'impossibilité de porter une tenue qui lui corresponde. Dreadlocks attachées, bien calé au fond de son siège, son flegme bristolien dégage une aura apaisante, fondée sur le credo «Chaque chose en son temps.» Ces trois dernières années ont pourtant été riches en rencontres et en trouvailles pour ce laborantin de la jungle britannique. «Lorsque nous avons sorti New Forms, on voulait faire participer au projet des personnes extérieures au collectif, mais personne ne savait qui nous étions», regrette Roni Si