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Libération

Un soir avec Adjani.

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L'actrice est de retour au théâtre dans «la Dame aux camélias». Rencontre passionnée hors champ.
publié le 19 octobre 2000 à 5h34

m.s. Alfredo Arias, adapté par René de Ceccatty, au théâtre Marigny-Robert Hossein, carré Marigny, Paris VIIIe. Du mardi au samedi à 20h30, matinées samedi et dimanche à 16 h. Loc.: 01 53 96 70 00.

Aux deux tiers du chemin, alors qu'elle est déjà presque morte, Marguerite Gautier se redresse et crie: «J'ai peur!» Bien sûr c'est le rôle qui veut cet aveu de femme-enfant, effarée par la mort qui va bientôt la serrer sous son bras. Bien sûr ce fut écrit de cette façon par Alexandre Dumas fils et, présentement, par René de Ceccatty, qui a fait de son adaptation de la Dame aux camélias, une belle infidèle. Mais en même temps, comment faire semblant? Celle qui nous jette cet ultime SOS, c'est aussi et surtout Isabelle Adjani.

Alors on a envie de se lever d'un bond: c'est ça, c'est exactement ça, au théâtre comme dans la vie. Et quelques répliques auparavant, par un effet de miroir tout aussi troublant, lorsque Marguerite demande à sa fidèle amie Prudence Duvernoy: «Qu'est-ce qu'ils me veulent?», réponse: «Te voir», on se dit qu'on tient là un mode d'emploi évident. Qu'est-ce qu'ils lui veulent tous, à Isabelle Adjani? La voir. Et elle?: «J'ai peur!» Ca serait tellement plus simple, rassurant et familier: une Adjani publique qui se montre au théâtre après s'être beaucoup cachée au cinéma, une Isabelle privée qui a peur. Or, non, vraiment pas du tout. Isabelle Adjani n'a pas peur, ce serait même son absolue sérénité qui éventuellement pourrait effrayer. Car à sa place, on imagine qu'o