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Libération
Critique

Le soleil noir de Tom McRae.

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publié le 24 octobre 2000 à 5h42

Ecrire que le premier album de Tom McRae est en accord avec la saison relève de l'euphémisme, tant climatique (ciel laiteux, grisaille persistante, pluie sans fin, spleen pénombreux sur fond d'horaire d'hiver) que conjoncturel (folk singers à la hausse, de David Gray à Tim Hutton, de Ben Christophers à Kathryn Williams). Mais plus que cela, il y a la vraie prise de contact avec un auteur-compositeur étonnamment racé, eu égard à son âge, 26 ans, et à ses états de service proches du néant. A peu près à l'instar de sa localisation d'origine, un trou paumé du Suffolk, «250 habitants, pas un pub, mais deux églises, ce qui donne une idée assez précise des priorités locales». Plus, histoire de parfaire le marasme ambiant, la séparation des parents, tous deux pasteurs, alors que leur fils n'est âgé que de 8 ans. Ajoutons l'existence de deux soeurs, un passage à l'université et voilà à peu près tout ce que l'on sait de Tom McRae, «longtemps resté seul dans son coin» car préférant sa «propre compagnie». C'est peu. Mais, en fin de compte, largement suffisant pour comprendre que le gars n'a jamais songé à sauter dans le premier wagon drum'n bass ou ragga venu.

Intemporalité. De fait, le garçon joue et revendique la carte d'une intemporalité facilement vérifiable sur l'emballage de son premier album: au recto, le profil noir et blanc d'un jeune homme blond, sans autre signe particulier qu'une pose saturnienne. Au verso, de l'eau coulant sous un pont nuitamment éclairé et le titre des trei