Menu
Libération
Critique

Coppola, caméra collée à l'oreille

Article réservé aux abonnés
publié le 25 octobre 2000 à 5h44

Plan d'ensemble sur Union Square, centre-ville, San Francisco. Début d'hiver. Le son de la circulation automobile alentour est encore indistinct. Puis, zoom lent, le point se resserre sur la foule qui traîne à l'heure du déjeuner. On distingue mieux les bruits, les musiques, des bribes de conversation. La caméra cadre un couple, on entend ce que disent l'homme et la femme, à l'évidence des soucis d'adultère, avec évocation d'un troisième personnage, a priori le mari. Les points de vue se multiplient. On comprend que quatre micros sont braqués sur leurs proies. Dès le générique, Francis Ford Coppola réussit à utiliser les tics techniques des années 70, notamment l'utilisation des grandes focales, pour en faire de vraies informations et nous indiquer qu'il va nous falloir démêler des questions de prise de son et de vie privée. En d'autres termes, d'art et d'éthique.

Mouchards. Harry Caul est le patron de la petite bande de mouchards férus de haute technologie qui a pris pour cible le couple. Caul est un privé qui confectionne des enregistrements sonores puis les apporte à des clients qui les ont payés. Ce type, plus cafardeux qu'un jour de brume, est obsédé par le travail bien fait. Il nie avec vigueur s'intéresser à quoi que ce soit d'autre, notamment aux conséquences de son activité.

Quand son assistant s'étonne de l'énergie qu'il déploie ainsi à capter une discussion totalement banale, Caul affirme qu'il donnera à son commanditaire ce qui lui a été demandé, sans se demander à