Paris, place des Vosges, où il réside, au café-restaurant Ma Bourgogne, où il a ses habitudes, Claude Chabrol, 70 ans, parle de son nouveau film, le 52e (sans compter la vingtaine réalisée pour la télévision), et de lui, secoué par intermittence de son fameux rire, mi-jovial, mi-sarcastique.
Vous reconnaissez-vous dans le mythe de Chabrol, peintre des moeurs bourgeoises? La bourgeoisie n'a-t-elle pas changé depuis vos débuts?
Non, je ne me reconnais pas du tout dans cette appellation, mais elle revient sans cesse, et j'ai décidé de ne plus lutter contre. Les gens confondent l'intrigue avec le milieu dans lequel elle se déroule. Mon centre d'intérêt n'est pas là. Je situe mes films dans les milieux que je connais, des gens qui ont de l'argent, du pouvoir, et dont le rêve est de s'acheter une nouvelle voiture, c'est tout... Mais je ne suis pas intéressé par la sociologie.
Pourtant, à l'époque, vous présentiez «la Cérémonie» comme un film politique?
Parce que j'étais très agacé par le discours qu'on entendait un peu partout, comme quoi il n'y avait plus de luttes des classes. Ça me paraissait comme un discours de dominants, les seigneurs déclarant à leurs sujets que le servage n'existait plus, on croit rêver. C'est facile de tenir ce genre de discours quand on n'est pas obligé de passer la serpillière chez les autres. Donc, je voulais montrer le point de vue de ceux qui ne sont pas des patrons et se font exploiter. Et je déteste l'exploitation au plus haut point.
Comment se passe vo