Brad Mehldau Trio, en concert dimanche à 20 heures, salle Pleyel, 252 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008. 120 à 290 F.
Seuls les malentendants, les imbéciles et les fâcheux sont aujourd'hui susceptibles de contester le talent de Brad Mehldau. Il n'aura pas fallu cinq ans, en effet, à ce Floridien d'origine élevé au Connecticut et exilé à Los Angeles («parce que Charlie Haden, avec qui j'étais venu jouer, s'est montré tellement convaincant que je suis resté») pour s'imposer comme une voix essentielle du clavier nouveau. Voire même une issue possible au cul-de-sac dans lequel Keith Jarrett l'autiste, plus soucieux de conserver son statut de star caractérielle que de laisser s'exprimer sa créativité, s'est enfermé depuis plusieurs années.
Il existe bien sûr des «jeunes» pianistes plus atypiques (Bill Carrothers, par exemple), plus radicaux (Borah Bergman, Matthew Shipp, Craig Taborn...), mais aucun ne possède à ce point le sens naturel de la versatilité. Instrumentiste singulier, Brad Mehldau est capable de produire une musique égocentrique, dépourvue de la moindre concession stylistique, à laquelle l'auditeur (s'il veut le rester) n'a d'autre alternative que d'adhérer, et de se soumettre aussi aux desiderata de celui qu'il a choisi humblement d'accompagner, quel que soit le contexte dans lequel il se voit alors contraint d'évoluer.
«Opportunité». Ainsi Mehldau peut-il s'activer, avec la même conviction, au côté du rocker Scott Weiland, du vieux brigand country Willie Nelson (sur