Concert ce soir et demain, 20 h 30, Olympia.
Avec son look afro blond, Art Garfunkel ressemblait à un ange. Sur la pochette du disque, sa silhouette éthérée invitait au mellow baba de Bridge over Troubled Water, fusion emblématique du folk et de la pop. Sous un chapeau fatigué, il y avait aussi l'autre, avec sa gueule de petit juif, aussi court que l'autre était élancé, aussi sombre que l'autre irradiait. Que ce soit lui qui ait composé les chansons ne changeait rien à l'affaire: les filles ne le voyaient pas. A 25 ans, Paul Simon devait l'avoir mauvaise.
Révélateur. Sa séparation d'avec Garfunkel en 1970, sa douzaine d'albums solo et ses millions de ventes ont-ils rendu Paul Simon plus visible? Pas sûr. On peut fredonner plusieurs de ses titres, les You Can Call Me Al, Slip Sliding Away, Diamonds on the Soles of Her Shoes, sans se souvenir parfois qui les chantait. Si différentes, ses chansons paraissent comme les jalons d'époques révolues qui resurgissent dès les premières notes, bardées d'odeurs et d'images d'une autre décennie: Sounds of Silence, les premiers pétards; Fifty Ways to Leave Your Lover, les années 70 «libérées»; Homeless, au coeur de la lutte pour Mandela... D'un album à l'autre, les styles changent comme les tableaux d'un voyage, du reggae de Mother and Child Reunion à la musique sud-africaine de Graceland, de l'Afrique bahinaise de Rhythm of the Saints à la salsa de Songs from the Capeman. On pourrait presque dire: c'est la personnalité de Paul Simon que de