Menu
Libération
Critique

Un poil tiré par les cheveux.

Article réservé aux abonnés
publié le 1er novembre 2000 à 6h02

C'est une réplique immédiate, qui ne détonnerait pas dans tous les American Pie à venir: au cours d'un concours de branlette, un mec crache pour la première fois. Son voisin le félicite: «Trop grave, tu vas pouvoir être père; ­Je vais surtout pouvoir leur en mettre plein la bouche.» Voilà: dernière pousse issue de la déferlante de cinéma adolescent, étranger à la beauté lointaine de Virgin Suicides, éloigné du regard d'entomologiste des Autres filles, plus proche de l'inégal les Filles ne savent pas nager, Du poil sous les roses tient coûte que coûte à rester parmi les cancres du fond de la classe. Il ne s'agit pas cette fois d'idéaliser le passage douloureux ou les cicatrices fondatrices que chacun cache au fond de soi, mais de libérer sur l'écran les images dégénérées relatives à cette période de hantise sexuelle où, par réflexe, tous les adolescents hurlent «Cul, bite et tarte au poil!» avec cette pause autoritaire qui leur permet de faire face à la peur du vide. Bref, l'âge bête, le moment où on se la (sur)joue, cette période où les ados sont totalement des acteurs et qui méritait bien, effectivement, un film.

C'est malgré tout un pari dangereux que de prétendre montrer, en très gros plan, comment fonctionne l'énergie adolescente aujourd'hui, et à quelles hormones elle carbure. Agnès Obadia et Jean-Julien Chervier n'ont plus exactement quatorze ans et l'échange qu'ils peuvent avoir avec leurs deux héros, sur les épaules desquels repose tout le film (une fille et un garçon