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Libération

Strasbourg tient à «son Klimt».

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La ville a fait appel pour ne pas rendre un tableau aux héritiers d'un antiquaire juif spolié.
publié le 4 novembre 2000 à 6h09

Colmar envoyée spéciale

A qui appartient L'Accomplissement, une peinture en aquarelle et gouache de Gustav Klimt datée de 1909? Au musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg, comme le prétend la ville qui en a fait l'acquisition pour pas cher en 1959? Ou aux héritiers de Karl Grunwald, marchand et antiquaire juif viennois, qui, dès l'Anschluss de 1938, a expédié vers la France ses biens les plus précieux?

Le 11 janvier 1999, le tribunal de grande instance de Strasbourg condamnait la municipalité, gestionnaire du musée, à rendre le tableau à la famille Grunwald, aujourd'hui dispersée entre les Etats-Unis et la France. Les juges estimaient que la ville faisait preuve de «mauvaise foi» en prétendant que l'oeuvre, achetée à un prix dérisoire il y a plus de quarante ans, n'était pas un bien spolié. La ville de Strasbourg ayant fait appel, l'affaire était examinée hier par la cour de Colmar.

Silence. Quand, au lendemain de la guerre, Karl Grunwald avise les autorités françaises de la disparition de ses biens, il fait mention de trois tableaux d'Egon Schiele, mais ne dit mot de L'Accomplissement de Klimt. C'est ce silence, au sujet d'une oeuvre monumentale (192 x 118 cm), que va exploiter la ville de Strasbourg pour affirmer qu'il n'est nullement établi que Karl Grunwald ait été propriétaire du tableau avant guerre. Selon elle, la peinture serait depuis 1919 installée dans l'atelier d'un peintre strasbourgeois, Adolphe Graeser. Quarante ans plus tard, sa nièce le vend à la Soci