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Libération
Critique

Raphaël, jeune et joli.

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publié le 6 novembre 2000 à 6h11

Raphaël

En concert ce soir à 20 h 30

à La Scène 2 bis, rue des Taillandiers, Paris XIe.

«T'es un mec ou une fille?», interrogea un soir Jean-François Bizot en observant le visage imberbe du jeune homme venu lui présenter ses chansons ­ le patron de Radio Nova aima Petites annonces. Androgyne, Raphaël l'est jusqu'au bout du prénom: un atout dans les cartes rock qu'il défend dans son premier album, en concurrence avec Damien Saez, incarnation ténébreuse de l'hymne générationnel Jeune et con. «On a le même âge, écouté les mêmes groupes mais je ne pense pas que notre discours ait quelque chose en commun», resitue le garçon.

Raphaël, vingt-quatre ans, est un enfant de Placebo et Noir Désir. A son tour, il essaie de donner de l'audace à la figure imposée: trois accords de guitare bruts, saturés, éculés, dont il s'agit de renouveler l'agencement. Verdeur, voix tranchante et riff strident, le premier titre d'Hôtel de l'univers concentre en quatre minutes l'intelligence du rock à la française, dont la problématique se résume à calquer sur une rythmique à deux temps une langue dévolue par tradition à la métrique ternaire de l'alexandrin. Dans la lignée du parolier Jacques Lanzmann pour Dutronc, Raphaël écrit binaire. «Pour moi, c'est naturel, le français est ma langue. Dès le départ, j'ai besoin que les mots portent la musique.» Si cette exigence n'est pas tenue avec une force et une précision égales tout au long de l'album, souffrant parfois de redites et de manière dans l'interprétation