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Libération

Roger Peyrefitte, mort d'un perfide

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L'auteur des «Amitiés particulières» avait 93 ans.
publié le 7 novembre 2000 à 6h16

On ignorait que l'écrivain Roger Peyrefitte fût encore vivant. Depuis hier, il est mort. Il était âgé de 93 ans. On trouve officiellement ses livres en librairie, 32 disponibles, mais en réalité, ils ne figurent plus sur les catalogues des ouvrages de poche disponibles. Le meilleur placard où le trouver est sans doute l'une de ces bibliothèques familiales constituées dans les années 50-60, époque pudibonde où le goût immodéré et narcissique que Peyrefitte avait du scandale lui donna une place brûlante, entre Hervé Bazin et Gilbert Cesbron.

Il ne faut pas confondre Roger avec Alain, mort l'an dernier, académicien et ancien ministre, de dix-huit ans son cadet, dont il était un lointain parent. Il y avait chez Peyrefitte l'aîné un goût hâbleur, pervers, non dépourvu de vulgarité, pour la provocation publicitaire. Il l'enrobait dans une écriture très classique, comme parodiée des auteurs du XVIIIe siècle qu'il aimait.

Simili-balzacien. Né en 1907 à Castres d'agriculteurs enrichis et devenus commerçants, il est élevé chez les Frères lazaristes. Elève assez brillant dans les humanités, il est viré de la classe de philosophie pour indiscipline. Dans le dictionnaire de Jérôme Garcin, il écrit de lui-même en jeune homme: «Il s'était rendu compte, dès ce temps-là, qu'il n'y avait que deux choses qui comptaient: l'argent et un nom, quand on ne l'avait pas de naissance.» Son itinéraire simili-balzacien se fait d'abord dans la diplomatie. Il entre au Quai d'Orsay en 1930, «le plus jeune de