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Libération
Critique

L'automne atone d'Oldham

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par BAYON
publié le 13 novembre 2000 à 6h29

Une brise ­ «au vent mauvais», dirait Verlaine ­ soulève une brindille, qui retombe en faisant des joliesses. C'est l'époque de l'automne, où les préaux distraient leur spleen à suivre les tournoiements d'«hélicoptères», ces feuilles mortes aux formes d'élytres de hannetons. Ainsi descendent les airs de saison d'Oldham.

Son nom à lui seul évoquerait la vieillesse, sa voix est celle d'un prématuré quadragénaire, marmonnant une curieuse bouillie fièrote de disque en disque: «Quand tu me demandes de chanter c'est comme si mon coeur allait éclater de joie/Je te contemple et mes yeux pleurent.» Sur ce premier morceau, à l'exaltation forcée, traînent des lambeaux de guitare et un geignement d'accordéon tiré à l'harmonium. Chant et instrumentation s'essoufflent bientôt. La deuxième «chanson», semblablement prise de stupeur («Dans la nuit exténuée laisse-moi tomber de sommeil sans lutter...»), confine au mélodique par crêtes. Voix dédoublée de même, avec variation infime du dispositif et fin abrupte, la troisième détimbrée et la suite ad nauseam. L'absence de percussion alanguit essentiellement une manière musicale qu'on hésite à cataloguer «country déviant». «Maugréant, grommelant et traînant ma carcasse...», le quatrième air frise l'ambient. Le cinquième dit : «Ma demeure est sombre et désolée, dit-elle.» La plage six conclut en estompement final d'un thème lugubre introduit par la piécette quatre : «I found a joy of my own...» La tonalité est à l'asthénie poétique, évoquant des Si