Lille correspondance
Une tente blanche posée sur la grand-place, un marteau-piqueur en fond sonore. Ahmadou Kourouma, 74 ans, Prix Renaudot, tente d'expliquer à une foule serrée, que «nous les Africains, nous avons un problème avec la langue française: ce n'est pas la langue de nos émotions». Le vieil homme, vedette d'Afrique en créations à Lille, a joué à merveille son rôle de locomotive. Comme lors des passages de Souleymane Cissé et Youssou N'dour, le public est venu. On ne peut en dire autant du reste du festival. Pourtant, c'était le pari annoncé par l'Association française d'action artistique (Afaa) et la Mission 2000 en France, quand ils ont jeté leur dévolu sur Lille et ses alentours: provoquer la rencontre entre le public français et la création contemporaine africaine en se passant des têtes d'affiche.
Les organisateurs ont vu grand. Deux cents événements sur quatre mois. Tous les jours, musique, danse, photo, théâtre, design, conte, cirque, mode, littérature... On nous avait promis l'Afrique pas folklorique, la culture vivante méconnue. «L'Afrique qui bouge et qui participe à l'évolution culturelle du monde. Pas de raphia et pas d'os dans le nez. Des artistes qui créent à un niveau tel que le monde vient les chercher», avait martelé le Nigérien Ibrahim Loutou, commissaire général de la manifestation. L'Afrique du feu sacré. «Il faut aller dans les ateliers pour voir dans quelles conditions vivent les artistes africains. Avec parfois dix enfants à charge, et quatre b