Sade
CD: «Lovers Rock» (Epic).
Plus Tippi Hedren que Billie Holiday, plus Diana de luxe qu'Aretha de rage, sirène emblématique de l'ennui yuppie, la sophistiquée Sade cadrait mal avec le blues. Les puristes voyaient dans son détachement smooth un manque d'âme. Huit ans de silence chagrin ont tissé leur toile, la diva soul pastel a trouvé sa note bleue. Le visage surexposé des années 80 de papier glacé s'est éclipsé. Sa réapparition avive le temps qui fuit.
La marquise de Sweetest Taboo a 41 ans. Helen Folasade Adu, née un 16 janvier 1959 d'un père nigérian et d'une mère anglaise, passe son enfance à Ibadan, aux environs de Lagos. Quatre ans plus tard, le couple divorcé, les enfants se réfugient chez les grands-parents maternels à Colchester, Essex. En pleine agitation punk, Sade suit des études de styliste à la Saint Martin's School of Art, fait ses premiers pas sur scène qui la terrorise avec un groupe de «latin funk». Bientôt, elle emmène trois des sept musiciens (les fidèles Stuart Matthewman, saxophoniste, Andrew Hale, claviers, Paul Denman, basse), écrit Smooth Operator, qui fait les belles nuits du Ronnie Scott's Club. Le conte de fées commence: Diamond Life en 1984, Promise l'année suivante. Retour de flamme, dépression sur scène, rumeurs et fantasmes (hantise des paparazzi, anorexie, réclusion dans sa maison victorienne de Highbury Hill...), dix ans de mariage chaotique avec un cinéaste madrilène, entrecoupés de Love Deluxe (dernier album sans surprise de 1992), séj