Paris dans la Grande Guerre
Exposition organisée dans le cadre du Mois de la photo, par l'Etablissement cinématographique et photographique des armées, jusqu'au 31 décembre au musée de l'Armée,
hôtel national des Invalides, 129, rue de Grenelle, Paris VIIe.
D'après le cartel de l'exposition, l'image est datée du 11 janvier 1916. Dans la lumière plate d'un matin d'hiver, aux abords de la gare de Lyon, un petit groupe de voyageurs en croise un autre. Ceux de gauche sont des permissionnaires, des «poilus» gris, tout engoncés dans leur barda. Ils sourient de revenir, ils sourient à ceux qui partent. Ceux de droite, justement. Et ils sourient aussi, l'air émancipé de fêtards échappés d'une nuit de bamboula: écharpe blanche et haut-de-forme déjeté, débraillé néocollégien, dans des physionomies de blancs-becs... Des conscrits de la classe 17, qui n'avaient pas encore 20 ans.
Pour la propagande. Ils ne sont pas tout de suite allés à l'abattoir. On les envoyait d'abord vers l'arrière, les centres d'entraînement, le temps de les former pour le front. C'est pour ça qu'ils partaient de la gare de Lyon. L'employé du service photographique de l'armée les y a saisis, fait poser, avec et sans les poilus. Bon pour le moral patriotique, cette jeunesse faraude. Un an plus tard, un autre photographe, du même service, prendra ceux de la classe 18, à la gare Montparnasse: les jeunes silhouettes penchées à la fenêtre du train sont plus prolétaires, les expressions plus atones. C'est l'éclairage. Peut-