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Libération
Critique

«Liberty Heights», passé en suspension.

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publié le 15 novembre 2000 à 6h34

Liberty Heights de Barry Levinson, avec Adrien Brody, Ben Foster, Rebekah Johnson, etc.; 2 h 07.

Depuis une dizaine d'années, les films de Barry Levinson donnent envie de sortir son pistolet à eau, Good Morning Vietnam, Rain Man, Sleepers, Des hommes d'influence, Sphere: désolé, mais ça ne va pas du tout. Pourtant, il faut se souvenir de ses premiers films, Diner (1982), The Natural avec Redford, en 1984, ou, en 1987, Tin Men avec Richard Dreyfuss et Danny DeVito, qui étaient loin d'annoncer la tournure décourageante de la suite.

Loufoque. Liberty Heights, dont il est aussi le scénariste et le producteur, se veut un film peut-être plus sincère, s'appuyant sur sa biographie d'adolescent juif ayant grandi dans la petite ville de Maryland. Le racisme ordinaire tient alors les juifs éloignés de la population Wasp, l'accès de certains lieux publics leur est interdit au même titre qu'aux Noirs. Une partie des Noirs eux-mêmes prisait peu la communauté juive, qui vivait du coup volontiers en autarcie dans des quartiers tels que Liberty Heights. Ce contexte sociopolitique est restitué de l'intérieur et non sans nostalgie pour les années révolues et la jeunesse enfuie.

Le thème de la liberté à conquérir en s'affranchissant des idéologies et des tabous en cours est décliné par Levinson en une succession de saynètes loufoques ou romantiques (parfois les deux), avec un savoir-faire consommé dans le passage de témoins entre personnages, Ben Kurtzman (la découverte Ben Foster), alter ego du c