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Libération
Critique

Un «Cymbeline» méconnu mais avec références.

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publié le 17 novembre 2000 à 6h42

On y trouve un père en colère contre sa fille, comme dans Le Roi Lear, un menteur qui attise la jalousie, comme dans Othello, de jeunes mariés séparés qui s'échangent des bijoux en gage de fidélité comme dans Le Marchand de Venise, un philtre si efficace qu'il fait passer les vivants pour morts comme dans Roméo et Juliette, des proscrits dans la forêt et une femme travestie en homme, comme dans Comme il vous plaira, des histoires de viol et de tête coupée, comme dans Titus Andronicus... Lorsque Shakespeare compose Cymbeline, sans doute en 1609, l'essentiel de son oeuvre est déjà derrière lui et l'on peut imaginer qu'il s'est bien amusé à recycler dans sa pièce des artifices dramatiques qui lui avaient déjà servi. L'un des plaisirs de ce texte rarement joué en français et retraduit en toute clarté par Jean-Michel Déprats (1) est donc d'offrir un catalogue de situations shakespeariennes.

Pannes. De ce foisonnement, Philippe Calvario fait son miel. Metteur en scène en herbe jouissant déjà d'une réputation flatteuse, il jette sur le plateau de Nanterre, après avoir créé le spectacle à Brest, son instinct autant que son savoir-faire et prend plaisir à multiplier lui aussi des références. En vrac: la BD, la techno, la Gay Pride, la science-fiction, le gothique... Le tout lié par un amour du théâtre qui donne à sa version de Cymbeline un charme certain malgré des pannes (volonté d'en faire trop, distribution inégale, propension à s'égarer dans le choc-toc).

Son premier mérite est de