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Libération
Critique

Brest, du Maghreb aux bambins

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Retour sur la quinzième édition du Festival du film court.
publié le 21 novembre 2000 à 6h51

Brest correspondance

La quinzième édition du Festival du film court de Brest s'est close dimanche avec 32 000 spectateurs ­ soit 5 000 de plus que l'an dernier ­ et l'habituelle moisson. Premier coup de coeur pour Trajets de Faouzi Bensaïdi, qui filme un Maroc urbain et pluvieux. Recluse dans son appartement après une rupture, une jeune femme enrage sur une ritournelle pop; à quelques kilomètres de là, son père essaie de la rejoindre pour la corriger de son insolente liberté; la mère tente de prévenir son enfant du courroux qui la menace. Trajets, entre rythme lent et accélérations rageuses, est un film subtil, donnant à ses trois personnages la possibilité d'exister dans toutes leurs nuances, malgré des dialogues presque absents. Il y eut aussi Salam, de Souad El-Bouhati (prix Arte-France): en France, un travailleur immigré à la retraite hésite; mourir ici, ce qui lui fait peur, ou rentrer au Maroc, quitté il y a trente ans, où il ne connaît plus personne? Comme dans Trajets, la réalisatrice nous comble par son humanité, comme aussi Samia Meskaldji et sa Voie lente où le jeune Nabil voit Leïla, sa mère et sa complice, si lumineuse, si battante, sombrer dans la dépression.

Trois films de réalisateurs qui aiment profondément leurs personnages. Accessoirement ­ mais est-ce vraiment un hasard? ­, trois auteurs franco-maghrébins au ton juste qui entrent en scène et permettent à des acteurs arabes d'enfin s'exprimer en dehors des rôles «ethniques» préformatés de séries télé. Trois