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Libération
Critique

Un «Quartett» en bémol

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publié le 21 novembre 2000 à 6h51

Quartett

de Heiner Müller, m.s. de Serge Noyelle, théâtre de Châtillon, 3, rue Sadi-Carnot, 92230 Châtillon. Tlj

à 20 h 45, sauf mer. et dim, jusqu'au 9 décembre. Tél.: 01 46 57 22 11.

Dans l'ombre sur le plateau, à cour et à jardin, deux musiciens jouent en sourdine tout au long du spectacle. L'intervention d'Eric Fischer et Jef Morin, que l'on distingue à peine, est plus qu'un simple accompagnement: une boucle mélodique entêtante, presque la même note qui se prolongerait une heure durant et qui ne couvre pas la voix des acteurs mais poursuit un chemin autonome et inquiétant. Pour présenter sa mise en scène de Quartett de Heiner Müller, Serge Noyelle, directeur du théâtre de Châtillon et de la Compagnie du Styx, évoque des «voix de spectres, d'âmes vagabondes», et un «espace déshabité». Mission accomplie pour la musique et pour l'espace, dont le vide et le noir inquiètent.

Joute oratoire. Dans Quartett, un Valmont et une Merteuil rescapés des Liaisons dangereuses rivalisent dans un jeu de rôle où ils échangent leurs identités et celles de leurs proies amoureuses. Mais cette joute oratoire où les mots suppléent la lassitude des corps se transforme bientôt en duel à mort, avec anéantissement final des deux personnages principaux. Pour des acteurs, l'exercice est aussi attirant que périlleux. A trop incarner, on peut tomber dans le sadomaso de pacotille. A trop tenir à distance, on risque d'effacer les enjeux, d'occulter les changements de masques, de ne plus faire entendre les di