Hasard heureux ou coïncidence catastrophique? Le cinéma allemand a déserté les écrans français mais cette semaine sortent les films de Schlöndorff, Thome et Helmer. Ils divergent dans leur esthétique mais leurs lignes de fuite se croisent. Toujours en rapport avec le passé ils mêlent mémoire personnelle et identité collective.
Entre deux. Avec les Trois Vies de Rita Vogt Schlöndorff retourne aux sources d'un cinéma engagé. La jeune idéaliste ouest-allemande Rita Vogt (Bibiana Beglau) glisse vers le terrorisme et finit par se réfugier en RDA où elle doit s'inventer une nouvelle identité. Dans son décor maussade peuplé de «héros du travail» abattus elle veut croire au rêve collectif. Pour Schlöndorff, l'utopie de la gauche de l'Ouest se heurte à la solidarité fatiguée de l'Est.
Bibiana Beglau joue un caméléon qui change de peau pour échapper à ses crimes. Elle finit son errance sur une route enneigée entre les deux Allemagnes, peu avant la réunification. Inadaptée, elle y laissera la peau.
Rudolf Thome prend l'identité collective par un autre bout, plus bucolique que politique. Dans Paradiso, un compositeur fête son 60e anniversaire avec les sept femmes qui ont compté dans sa vie. Rêve d'un Narcisse machiste? Thome se sert d'une situation de vaudeville pour mieux dérouler son minimalisme. Avec ironie, il présente Adam (Hanns Zischler) comme un alter ego ermite à la recherche de plaisirs tactiles: sentir les corps des femmes, la terre sous ses pieds, l'air du matin.
Thome, philosop