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Libération
Interview

«Mes films sont des utopies»

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par Marcus ROTHE
publié le 22 novembre 2000 à 6h53

Vienne correspondance

Formé à la littérature et à la philosophie, passé par la critique, Rudolf Thome, a tourné ses premiers courts métrages avant même que Wenders, Fassbinder ou Schlöndorff ne lancent le «Nouveau cinéma allemand». Aujourd'hui à la marge du système, Thome autoproduit ses films aux petits budgets. Parmi ses vingt-cinq films, sont sortis en France Tarot, le Philosophe ou Coup de foudre. Rencontre avec ce bon vivant, à Vienne.

Ce film est-il un bilan personnel?

Les Cahiers du Cinéma distinguaient autrefois les simples films des «derniers» films. Impressionné, j'ai commencé, à partir du Philosophe (1988) à faire des derniers films. Tourner m'épuise mais mourir pendant le tournage n'est pas le pire (rires). Une chose est sûre: en vieillissant, on pense constamment à la mort.

Contrairement à ceux d'autres réalisateurs de votre génération, vos films sont ironiques, ouverts aux plaisirs de la vie. Le «Weltschmerz» (mélancolie) ne vous atteint pas?

C'est un paradoxe. Les Allemands n'aiment pas énormément mes films «atypiques» mais les Français les trouvent très allemands. Généralement le public méditerranéen les accueille plus chaleureusement. Gottfried Benn disait du Méditerranéen que sa profondeur est à l'extérieur. Pour lui l'essence véritable ne se cachait pas derrière la forme. Goethe et Schiller ont distingué la forme du contenu et transmis cette idée à d'autres poètes et philosophes. Aujourd'hui cet esprit protestant ­ que l'éternel, le vrai et l'important se trouv