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Libération
Critique

Ruiz retrouvé.

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Le cinéaste chilien s'autorise toutes les libertés narratives dans «Combat d'amour en songe».
publié le 22 novembre 2000 à 6h53

Bon courage à celui qui voudra résumer l'intrigue de Combat d'amour en songe de Raoul Ruiz. Les ingrédients, à la rigueur: des pirates, un trésor, une courtisane, un tableau évidemment volé, des manuscrits sibyllins, des bourses magiques et même le diable en personne. La liste n'est pas close. On y subit aussi des ruptures de ton et des changements d'époque, dans un saute-mouton spatio-temporel qui nous projette des villes d'aujourd'hui aux villages d'autrefois. Le style lui-même est un coq-à-l'âne secouant, qui tantôt pastiche les actualités Pathé des années 50 en noir et blanc (hilarant discours d'introduction à toute l'affaire par un notable portugais bedonnant), tantôt s'attarde dans une mélancolie contemporaine et presque rohmérienne (la chute, via une faille du temps, d'un jeune homme dans une boîte de nuit parisienne). Mais où sommes-nous?

Fièvre ésotérique. Au beau milieu d'un beau film limite. Face à une énigme renouvelée, une nouvelle occurrence de ce cinéma que l'on pourrait qualifier d'inqualifiable, cette piste décalée sur laquelle viennent régulièrement danser les Monteiro, Oliveira et consorts (d'ailleurs produits, le plus souvent, par le même Paulo Branco qui finance ce Ruiz). Comme ceux-là, le cinéaste Ruiz a au moins deux faces. L'une à peu près orthodoxe, qui lui a valu ses plus grands succès publics (Généalogies d'un crime, le Temps retrouvé) et où Ruiz n'instille du dérapage et de la cocasserie que dans certaines limites. L'autre, que l'on fréquente au mo