Thessalonique correspondance
En plus d'offrir un éclairage sur le cinéma des Balkans, de mettre en compétition premiers et seconds films internationaux, de les entourer d'une grosse centaine de films d'art et d'essai inédits en Grèce, la particularité toute géographique du Festival de Thessalonique, 41e du nom, reste l'orientation de ses salles. Face à la mer, dans de gigantesques warehouses, hangars où autrefois on entassait les biens marchands acheminés par voie marine (d'un confort parfait, par ailleurs), les films s'amarrent pour quelques heures au regard critique. Pour une fois, l'échange n'est pas uniquement commercial et, puisqu'on est en Grèce, on peut même leur prêter une certaine propension à l'esthétique comme au symbolique.
Ainsi, en invitant le Polonais volant Jerzy Skolimowski (cinéaste ayant tourné autant en Belgique, en Tchécoslovaquie et en Suisse qu'en Italie, en Allemagne de l'Ouest ou aux Etats-Unis) à présider le jury et à répondre de l'intégralité de son oeuvre, on peut accorder aux organisateurs le désir implicite d'adresser à la criée un message désespéré à leurs compatriotes: rappeler aux cinéastes grecs empêtrés de mythologie, sacrifiant l'essentiel de leur style à un symbolisme empesé, étouffant sous une conception du metteur en scène démiurge héritée de leur lourde tradition théâtrale, que la patrie d'un auteur reste la lumière et son éblouissement. Ce sont là évidemment des choses que l'on dit plus facilement sur un quai.
Sublimation des attitudes.